Allocution du Président de la Région Guadeloupe Remise du rapport du CESER « Relever méthodiquement les défis du déconfinement et de la relance des activités »

Mardi 26 Mai 2020 Hémicycle de l’Hôtel de Région


Monsieur le président du Conseil Économique et Social,
Madame la présidente du Conseil de la culture, de l'éducation et de
l'environnement,
Mesdames et Messieurs les conseillers,
Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
Chers collègues,

Je suis heureux d’être présent parmi vous ce matin au milieu de cette assemblée, véritable représentation de la démocratie,du dialogue avec la société civile de notre archipel.

Nous sommes réunis ce matin, parce que nous choisissons de prendre notre destin en main. Le monde a changé, l’épidémie du COVID-19 a bousculé nos habitudes, nos modes de vies.

Bien avant cet épisode inédit, par son ampleur et sa globalité, nous avions tous conscience qu’il fallait repenser notre modèle économique, à l’évidence le modèle « historique » ne fonctionnait plus!

Si nous sommes encore debout, si nous avons fait le choix d’être présents ce matin, c’est parce que dans ce « pays Guadeloupe » chacun entend faire sa part et « jouer le jeu » comme le disait Félix Eboué.

La solidarité est le vrai révélateur de notre responsabilité et de notre résilience.

Car oui, nous saurons faire face ensemble, car nous sommes un pays qui a toujours su se relever à chaque moment difficile de notre histoire.

Ce matin, nous nous tournons donc vers l’avenir, ensemble : responsables politiques, représentants des socio-professionnels et experts. Celles et ceux qui s’investissent chaque jour pour améliorer le bien-être de nos compatriotes et la compétitivité de notre archipel. Celles et ceux qui excellent dans leurs domaines et connaissent profondément la Guadeloupe.

Nous sommes ici pour échanger autour d’un rapport, dont le titre est évocateur : « Relever méthodiquement les défis du déconfinement et de la relance des activités ».

Ce rapport du CESER, est un document précieux et stimulant en ce qu’il aborde des pistes de réflexion sur l’enjeu de la relance du pays Guadeloupe suite à l’épidémie du COVID-19 et des mois de confinement qui ont suivi.

Je tiens à féliciter chaleureusement le président du CESER, Monsieur Christophe WACHTER ainsi que son équipe, l’ensemble des conseillers qui ont travaillé sur ce projet dans des délais extrêmement contraints.

J’annonce d’ores et déjà que ce document restera à la disposition des collectivités, mais également de tous les citoyens qui s’engagent à relever les défis que posent la relance.

L’histoire de ce rapport a débuté dans un contexte bien particulier. En effet, c’est lors de la CTAP réunie le mardi 20 avril en format exceptionnel qu’est née l’idée de faire appel aux instances consultatives de la Région pour élaborer un rapport prospectif sur la relance économique de notre archipel.

J’avais alors proposé de saisir le CESER et le CCEE, en vue de réaliser une large consultation de la société civile pour la préparation d’un plan de reprise.

Les membres de la CTAP, le conseil départemental, les EPCI, le Préfet et les instances invitées en l’occurrence les maires, se sont associés à cette initiative dans l’objectif de faire appel au savoir-faire local afin de poursuivre de manière concertée une réflexion sur l’avenir de notre archipel.

Ce rapport avait donc pour ambition première de définir un cap stratégique pour construire le « pays Guadeloupe de demain ».

Une Guadeloupe gagnante au coeur d’un processus dynamique et vertueux, en harmonie avec les mutations de notre société mais surtout en phase avec nos réalités.

Sans vouloir donc intimider le président WACHTER, nos attentes étaient fortes, tant ce rapport portait l’ambition d’être la colonne vertébrale de ce que nous avons appelé le « New Deal ».

L’un des enseignements que je tire de ce document est la volonté d’explorer la différenciation territoriale comme une source d’innovations visant à accroitre l’efficacité de l’action publique.

J’ai eu l’occasion de l’affirmer à plus d’un titre : il est déterminant de procéder à des adaptations locales. La crise du COVID-19 a révélé cette urgence à l’échelle des politiques sanitaires et de santé.

La position visant à défendre la différenciation territoriale pour la Guadeloupe a d’ailleurs fait l’objet des résolutions du 16e congrès des élus départements et régionaux qui s’est tenu ici même à l’Hémicycle de l’Hôtel de Région en Décembre 2019.

Les experts y ont abordé la question de la souveraineté alimentaire, du régime fiscal des collectivités, de la possibilité de l’expérimentation pour notre territoire.

Je pense notamment aux interventions du Dr Henri JOSEPH, à Pierre- Yves CHICOT ou encore à Maître Isabel MICHEL-GABRIEL.

La large participation citoyenne aux débats et aux sondages disponibles sur la plateforme créée à cet effet, ont démontré l’intérêt de notre population à se prononcer sur les grands enjeux de leur quotidien tels que la gouvernance et l’organisation territoriale, le développement économique ou encore les politiques sociales.

Je me réjouis que ces problématiques soient traitées dans ce rapport s’agissant notamment des conditions optimales à la sortie de crise. Il est question notamment :

  • D’éviter la deuxième vague potentielle de la crise sanitaire,
  • De mettre un terme aux mesures spécifiques liées à la gestion de la crise,
  • D’évaluer la gestion et de capitaliser sur les retours d’expériences pour l’amélioration des pratiques et la diffusion de la culture du risque,
  • Mais aussi de mettre en oeuvre méthodiquement les mesures de relance.


L’idée de la création d’un label d’ « Entreprise Citoyenne de Guadeloupe» m’a particulièrement séduit tant elle s’inscrit dans notre volonté de faire de l’ESS un véritable moteur de notre économie locale.

Un tel label reflèterait la prise en compte par l’entreprise de considérations sociales ou environnementales, voire l’adoption d’une politique particulière de transport au bénéfice de ses salariés, et permettrait de l’identifier.

D’autres pistes de réflexion sont envisagées et je tiens à en citer quelques-unes :

  • La nécessité de mettre en place un outil de pilotage stratégique de sortie de crise, sous l’autorité de la CTAP,
  • Déverrouiller les problématiques générales de distribution de l’eau et de l’assainissement,
  • Modéliser un système de valorisation et de priorisation des produits et biens de consommation endogènes.

 

Une large partie de ces recommandations renvoie à notre feuille de route et aux actions mises en oeuvre par la Région depuis maintenant 4 ans.

Le « nous » plutôt que le « je » traduisant une volonté réelle de concertation, de dialogue avec les collectivités locales mais également les acteurs, les professionnels de notre société. Je ne cesserai de le dire, les meilleurs connaisseurs des problématiques guadeloupéennes sont les Guadeloupéens eux-mêmes !

S’agissant de l’eau, la collectivité régionale a contribué à hauteur de 1,35 million au financement des réparations des fuites sur le réseau en 2020.

Elle est le principal financeur du plan d’actions prioritaires auquel elle consacre 36 millions d’euros de son budget.

Notre stratégie s’est développée à partir du concept d’un nouveau modèle économique, fondé sur les atouts de la Guadeloupe et ses piliers, la croissance verte et bleue. Nous avons encouragé le développement des activités et la structuration des filières agricoles, de la pêche. Nous avons soutenu l’innovation, l’entreprenariat et fait du tourisme la pierre d’angle du développement économique.

Cette période de crise aura fait naître des vocations : le développement de la fabrication locale de masques de protection par les artisans couturiers guadeloupéens, mais également la fabrication locale de gel hydro-alcoolique par l’entreprise Chlorex.

Nous sommes fiers de ce nouveau souffle, et la Région Guadeloupe est fière de les accompagner durant cette période où il a fallu répondre rapidement aux besoins des Guadeloupéens.

Lentement mais sûrement, nous prenons conscience de notre capacité à optimiser notre potentiel, nos moyens pour diminuer la dépendance à l’importation pour à long terme bâtir une société auto-suffisante.

Les recommandations proposées par le rapport trouveront assurément leur place dans ce plan de relance économique. Je pense notamment au soutien au secteur du BTP, aux professionnels des industries culturelles ou encore au développement du tourisme solidaire.

Mesdames et messieurs les présidents et membres du CESER et CCEE, Nous partageons avec vous la conviction forte de la nécessité d’une « nouvelle donne à la guadeloupéenne » construite autour de quatre objectifs :

  • Un Pacte républicain respectueux du rôle du service public comme facteur d’intégration dans le corps social ;
  • Une approche globale et réaliste du développement économique, social et humain du territoire et de sa population ;
  • Une culture de confiance et une recherche de crédibilité entre des acteurs de terrain autour d’un projet collectif ;
  • L’exclusion de toute posture idéologique ou politique mais à l’opposé la sauvegarde de l’intérêt des Guadeloupéens.


Oui, ces objectifs, nous nous engageons à les conserver et à en faire des piliers du plan de relance économique. C’est le défi que nous relèverons, ensemble dans l’intérêt des Guadeloupéens !

Avant de clore mon propos, je transmettrai un dernier message pour prendre de la hauteur et rappeler que ce rapport s’inscrit dans un cadre plus global.

Celui d’un monde, celui d’une Guadeloupe où la prise de décision exogène est révolue.

Celui d’un monde, celui d’une Guadeloupe où le recours aux experts locaux dans les processus d’élaboration des politiques publiques est désormais crucial.

Vous l’aurez compris, j’en veux pour preuve, à la récente publication du rapport relatif à la suppression de l’octroi de mer, problématique complexe qui fait actuellement débat sur la scène politique et dans les médias.

Je suis ravi que les voix des responsables politiques, des professionnels, des universitaires s’élèvent au sein de notre archipel contre l’ordre établi et ce que l’on voudrait nous imposer sans pour autant nous consulter.

Les Guadeloupéens doivent décider de leur sort par eux-mêmes. Il est aujourd’hui inconcevable que ces méthodes d’un autre temps persistent.

Surtout, à l’heure où les collectivités locales se retrouveront exsangues de leurs ressources budgétaires en raison des pertes financières, du manque à gagner générées par l’absence d’activités dû à l’épidémie sanitaire. C’est cela aussi ça le New Deal.

La politique du « nous » qui allie les responsables politiques, la société civile, l’Université des Antilles, les experts locaux dont le talent, la qualité des travaux n’est plus à démontrer.

Et c’est la raison pour laquelle ils ont été conviés à participer ce matin à cette séance. C’est pour cette raison qu’ils sont présents. Pour leur expertise dans l’apport des contributions pour le plan de relance du pays Guadeloupe, de notre nouveau projet de vie qu’il nous faut désormais démarrer au plus vite.

Nelson Mandela disait : « Ce qui est fait pour nous, que d'autres ont décidé sans nous, est en réalité contre nous ».

Mesdames et Messieurs, Le New Deal commence aujourd’hui, c’est notre volonté de faire pour nous et par nous.

Je vous remercie