Edition spéciale sur RFO Radio, ITW du président Victorin Lurel

Colette Borda journaliste à rfo radio, reçoit le Président Victorin Lurel, lors d'une édition spéciale ce mardi 10 février 2009 à 9h00 du matin.


Selon le Président Victorin Lurel :

L'Etat en tout cas est un Etat qui ne tient pas sa parole et les engagements qu'il a publiquement annoncé ici, en Guadeloupe, c'est une évidence.

Je ne vous cacherai pas que j'ai eu hier Matignon, on a eu une discussion, il était question de trouver les voies et les moyens pour régler ou contribuer  à régler ce problème là. Il y a là un revirement total, qui est incompréhensible. Au motif qu'il y aurait contagion, à la Martinique, à la Guyane et à la Réunion, et que le coût budgétaire est insupportable pour l'Etat et que l'effort fait jusqu'ici est suffisant, alors que nous savons tous que ce que l'Etat annoncé ici par la voix de Mr JEGO, c'est de l'argent qu'on a recyclé.
Il n'y a pas d'argent frais, la prime RSA, d'ailleurs que je n'ai pas tout à fait entendu non plus, les quelques " mesurettes " qui ont été annoncées, sur les 132 mesures évoquées par Mr JEGO, ça ne répond pas à la dimension et à l'ampleur du problème posé.
Et donc la question aujourd'hui essentielle est ainsi dire évacuée, donc cela relève du partenariat social. Ce qui n'est pas faux dans l'absolu mais on ne peut pas après trois semaines de grève s'en laver les mains et dire que l'état n'a aucune responsabilité et ne peut pas contribuer à régler, à résoudre la situation de crise dans laquelle nous nous trouvons.
Je dis que l'Etat au contraire porte une responsabilité, éminente, puisque par la voix du Préfet un message  a été annoncé et on a vu que Mr JEGO a dit très clairement " je diminuerai la TVA et j'étendrai les exonérations de charges sociales et patronales à l'ensemble des entreprises ".
Cela est une première chose.

La deuxième chose, c'est nous sommes tous conscients, la Guadeloupe toute entière, les élus, le collectif LKP, l'Etat, le patronat que toutes les entreprises ne peuvent pas supporter également cette augmentation de 200€. Donc aujourd'hui, la question se pose, nous nous regardons entre guadeloupéens. Nous nous sommes exprimés Jacques GILLOT et moi à dire il nous faut un face à face, il faut discuter thèmes par thèmes, acteurs par acteurs.

Aujourd'hui, on voulait faire la démonstration que le système est arrivé au bout de ses possibilités, bien sûr il y a un certain nombre de choses sur lesquelles il faudra évoluer. Mais je l'ai dit, on a même fixé un calendrier pour cela. Aujourd'hui que fait-on et bien je dis qu'il faut qu'on discute entre nous, il faut que le patronat discute avec le monde des ouvriers, des salariés, des employés, il faut qu'on fasse cet effort. Ensuite il faut qu'on ait le courage de se dire tout, il faut segmenter et différencier l'effort qu'on demande aux uns et aux autres. La responsabilité commande de dire, proportionnons notre effort à la capacité de chacun, à la faculté de chacun.
Quelle est la faculté d'une petite entreprise ? Bien elle ne pourra pas supporter 200€ c'est une évidence. Alors est ce qu'aujourd'hui il faut appeler à la mobilisation encore pour faire céder le gouvernement ou pour faire céder le patronat ? La mobilisation ne se fera entre nous et peut être contre nous. Il faut que le patronat change de mentalité, de posture, et modernise sa pensée et son action, et que oui les grosses entreprises peuvent faire parfaitement 200€.

Colette BORDA : Et vous êtes prêt à jouer les médiateurs ?
Victorin LUREL répond : Oui, c'est ce qu'on avait proposé, que nous discutions entre guadeloupéens, les élus c'est leur rôle. Même si certains voient les élus mal, dans le cadre du système il y a encore plein de choses que l'on peut encore régler. Et si d'autres points notamment de pouvoir, de changement de rapports sociaux, de changement de rapport de propriété.
Je vais prendre un cas, je vais peut être " blesser " beaucoup de personnes. On serait autonomes, est ce qu'on aurait pu changer les rapports commerciaux, de propriété, les rapports fonciers, les rapports immobiliers ? Je n'en suis pas sûr sauf si on demandait un statut à la Nouvelle Calédonie.
Même la Polynésie ne peut pas régler cela. Saint-Martin a pris le 74, ok on va demander une rationalisation administrative, on va demander la fusion de la région et du département, aurait on eu les moyens de régler le problème des 200€, si les entreprises de Guadeloupe ne peuvent pas.

Alors qu'est ce qu'il faut changer aujourd'hui? Il faut être honnête, il faut diminuer les marges bénéficiaires des entreprises, le mouvement social d'une grande ampleur et que tout le monde soutient est peut être de nature à demander à l'état et j'avoue que j'ai demandé à l'état avant même que les guadeloupéens décident dans les urnes d'une évolution statutaire sur la base de l'article 72 et de l'article 73, il est parfaitement possible dans des délais ultra rapides et bien que nous puissions contrôler les prix, contrôler les marges, contrôler les prix d'un transport de conteneur, ici qui coute 3.000€. Est-ce que l'Etat peut faire cela?
Colette BORDA : Cela veut dire aussi rentrer dans la comptabilité des entreprises?

Victorin LUREL répond : Il faut rentrer dans la comptabilité parce qu'on a laissé exploser des prix de monopoles, on a laissé prospérer des fortunes insolentes, et je dis aussi les guadeloupéens devront regarder pourquoi le poisson est à 10€ quand il était à 50 francs le kilo, est-ce qu'on peut se dire cela nous. Lorsqu'on me dit à moi président de Région, président je suis marins pêcheurs mettez nous les intrants, on l'a fait, la détaxe des carburants, on l'a fait, faire la diésélisation des embarcations on l'a fait, je viens encore de lâcher 700.000€ on l'a fait, et le poisson est encore à 10€. Le lambi est à 20 euros, 22 euros, est ce qu'on peut se dire cela. Une fois de plus LUREL va encore crisper les choses, oui la profitasyon c'est aussi nous, mais c'est surtout les monopoles, les grandes surfaces.
L'Etat a démantelé la direction de la concurrence et de la répression des fraudes, où sont les inspecteurs pour contrôler. On nous a demandé récemment et dans cet accord de diminuer l'octroi de mer, c'était déjà l'octroi de mer le plus faible, on nous a fait porter un chapeau comme si nous tyrannisions fiscalement le pays, on a baissé sur des milliers de produits. Où sont les inspecteurs et les contrôleurs pour constater la baisse des prix et que c'est répercuter sur le panier de la ménagère. Est-ce que dans nos campagnes, les lolos et les petites épiceries qui vont acheter chez les grossistes, est ce que les grossistes vont leur faire un prix de faveur pour que les gens dans les campagnes comme là où je suis puissent trouver des produits à bon marché ? Non. Et bien cela veut dire qu'il faut revoir la gouvernance économique et aujourd'hui avant que nous n'évoluons d'un point de vue institutionnel, c'est parfaitement possible sur l'article 73 et 72.

J'ai demandé, Mr JEGO m'a dit oui, Mr FILLON me dit oui on peut, alors que j'avais déjà demandé, on a différé. Alors oui je suis d'accord avec Mr MERION, l'Etat est tellement en faillite, la France doit se désendettée, alors on dit oui alors vous êtes éloignés alors on ne peut plus rien mettre, et quelque soit le résultat de la politique libérale de Mr SARKOZY et bien démerdez vous. Ce n'est pas simplement un problème de cadre peut être qui se pose, c'est aussi un problème d'intérêt, un problème entre guadeloupéens et je dis qu'on doit se retrouver le plus tôt possible.
Je n'appelle pas à la mobilisation mais j'appelle les guadeloupéens à se regarder, à se réunir autour d'une table à être raisonnable  et à continuer. Et se posera sans doute très rapidement le problème que faisons-nous? Est-ce que l'école reprend? Est-ce que les entreprises reprennent? Est-ce qu'on se regarde? Est-ce qu'on se donne une trêve? Et est-ce qu'on peut déjà s'autogouverner tout de suite. Voilà ce que je dis en étant responsable.
Colette BORDA : Parce que cela prendra du temps?
Victorin LUREL : Beaucoup de temps.