Jean-Marie G. Le Clézio, un prix Nobel de littérature aux racines créoles

Créolophile et créolophone, Le Clézio, nouveau lauréat français du prix Nobel de littérature, a rendu hommage à sa "petite patrie", l'Ile Maurice, d'où est originaire sa famille et qui habite une partie de son oeuvre. Il était en Guadeloupe en octobre 2007.


Le député et président de la Région Guadeloupe, Victorin LUREL, salue la décision de l'Académie de Stockholm d'attribuer le Prix Nobel de littérature au franco-mauricien Jean-Marie Gustave Le Cézio.

Cette juste distinction revient à un poète-voyageur, à la fois discret et prolixe, auteur d'une cinquantaine d'œuvres d'une très grande qualité, teintées par son attachement à la diversité culturelle ainsi qu'à la promotion des langues et des cultures régionales francophones, a déclaré Victorin LUREL.

L'auteur du « Procès-Verbal », son premier roman écrit il y a 43 ans, a toujours revendiqué ses racines ultramarines qui ont irrigué son œuvre d'une générosité qui n'aura pas manqué d'influencer le jury du Nobel.

Dès l'annonce de cette distinction, Victorin LUREL a écrit Jean-Marie Gustave LE CLÉZIO, pour convier ce grand créolophile à participer au Congrès des écrivains de la Caraïbe qui se déroulera en Guadeloupe sous l'égide du Conseil Régional, à la fin du mois de novembre.

En 1980, Le Clézio reçoit le prix Paul Morand pour l'ensemble de son œuvre. Au-delà de son œuvre romanesque, il a consacré de nombreux essais à plusieurs civilisations nomades menacées de disparaître, tant en Amérique latine qu'au Sahara. Son talent de conteur et son style lumineux l'ont hissé au premier rang des auteurs français contemporains.

Je suis à moitié Mauricien, j'ai deux nationalités. C'est aussi pour l'Ile Maurice que je suis content de ce prix, a-t-il déclaré devant la presse peu après l'annonce de sa consécration par le jury du Nobel.
Issu d'une famille partie chercher fortune à Maurice, dans l'Océan indien, au XVIIIè siècle, JMG Le Clézio a puisé une partie de son inspiration dans son roman familial. La France est ma patrie d'élection pour la culture, la langue, mais ma petite patrie, c'est l'Ile Maurice, le lieu le plus proche de moi. Quand j'arrive là-bas, j'arrive chez moi, a-t-il souligné.
S'il préfère le roman aux livres de mémoires, l'écrivain a souvent évoqué son histoire familiale. Le procès-verbal (1963), son premier roman et premier grand succès, a pour toile de fond l'histoire de son arrière-grand-père, chef juge à Maurice.

En 1985, c'est sur l'Ile Maurice qu'il situe l'action du Chercheur d'or. Une île rêvée où les enfants jouent dans les splendides décors naturels de l'enfoncement du Boucan. Mais la dureté des rapports sociaux, le clivage entre riches et pauvres, viendront bientôt rompre cette harmonie.

L'écrivain, qui se livre peu, entretient en revanche dans ses livres le souvenir d'une famille voyageuse. L'Africain (2004) raconte l'histoire de son père, un Anglais né à Maurice devenu médecin en Afrique, où l'écrivain a passé une partie de sa jeunesse.

Ritournelle de la faim, son dernier livre, paru début octobre, est enfin centrée sur l'histoire de sa mère, Simone (Ethel dans le roman), rentrée en France dans les années 1930, où elle assiste notamment à la première du Boléro de Ravel.
JMG Le Clézio y évoque ce milieu des Mauriciens blancs - propriétaires, commerçants, entrepreneurs qui tournait en circuit fermé, avec une certaine illusion aristocratique parfois contradictoire : il s'agissait de gens qui avaient dû se battre, travailler dur et qui avaient eux-mêmes souffert de la morgue des classes supérieures.
Adolescent de l'après-guerre, il sera, dit-il, choqué par le conformisme de ses aînés immédiats. Mais à la révolte des premières années succèdent une certaine sérénité et ses racines mauriciennes, comme les récits qu'il consacre à l'Afrique ou à l'Amérique latine, contribuent à donner à son oeuvre son aspect universel.
A Maurice, où l'écrivain retourne régulièrement, l'attribution du prix Nobel à Le Clézio a été saluée comme la consécration d'un grand humaniste. L'écrivain a évoqué pour sa part jeudi à Paris, le combat de l'Ile, dont l'anglais est la langue officielle, pour maintenir la langue française.