Discours introductif de Josette Borel-Lincertin, présidente du Conseil régional de Guadeloupe
(cérémonie-bilan du plan régional en faveur des jeunes en difficulté, 11 janvier 2013)
Monsieur Sous-préfet à la Cohésion sociale et à la Jeunesse, représentant du Préfet,
Monsieur le vice-Président du Conseil général,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Madame la vice-Présidente de l'association des maires, députée de la 4ème circonscription, chère Hélène,
Messieurs les représentants des Présidents du CESR et du CCEE,
Madame la représentante de la Présidente de la CCI, et Messieurs les présidents de la Chambre des Métiers et de l'artisanat et de la Chambre d'agriculture,
Mesdames et Messieurs les conseillers régionaux et départementaux,
Mesdames et Messieurs les maires de Guadeloupe,
Madame la représentante du Recteur,
Monsieur le Directeur de Pôle Emploi,
Mesdames et Messieurs les acteurs de l'insertion, de l'éducation, de la formation, de la jeunesse et du monde socioéconomique,
Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités,
A tous les jeunes présents parmi nous ce matin.
Je tiens tout d'abord à vous remercier chaleureusement d'avoir répondu aussi nombreux à mon invitation à l'occasion de la cérémonie-bilan du plan régional en faveur des jeunes en difficulté. Cela atteste de l'importance, qu'ensemble, nous accordons à notre jeunesse, et il convient de le souligner.
Je ne peux ouvrir cette cérémonie sans rendre un hommage appuyé à mon prédécesseur, Victorin Lurel, aujourd'hui ministre des Outre-mer. Avec sa force de conviction qu'on lui connaît, il s'était résolument engagé, dès sa réélection en mars 2010, à mobiliser l'action du Conseil régional pour venir en aide aux trop nombreux jeunes guadeloupéens en difficultés d'insertion.
Comme vous le savez, la situation du chômage des jeunes dans notre archipel est très préoccupante : 54% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage, contre 23% dans l'Hexagone ; 30% des jeunes de 15 à 24 ans n'ont aucun diplôme ; 15% des jeunes de 16 à 29 ans sont en situation d'illettrisme ; beaucoup de jeunes majeurs pourtant en âge d'être autonomes, ont le plus grand mal à se déplacer, à se loger, voire même à se nourrir correctement, faute de ressources suffisantes.
Il était donc urgent d'agir, et c'est la raison pour laquelle Victorin Lurel avait confié, en septembre 2010, à Hugues-Philippe Ramdini, président de la commission Jeunesse du Conseil régional, la responsabilité de mener à bien une mission régionale sur la " jeunesse en déshérence ", chargée de formuler des propositions concrètes en faveur de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes.
Philippe Ramdini a vraiment accompli un travail de grande qualité, et je tiens à le remercier très solennellement, tout comme les autres membres de la mission : Danièle Devillers, rapporteur de la mission, ainsi qu'Eulalie Surpin et David Dahomay, présents avec nous ce matin.
Ce rapport a été présenté ici même, dans cet hémicycle, le 12 janvier 2011. Et mon prédécesseur Victorin Lurel, annonçait aussitôt après, la mise en place par la collectivité régionale d'un plan d'urgence en faveur des jeunes en difficulté.
Et ce plan régional, constitué initialement de 17 mesures puis enrichi 8 dispositifs, a été mis en oeuvre depuis, avec détermination et réussite.
Ainsi, presque deux ans jour pour jour après le lancement de ce plan régional, j'ai souhaité en tant que nouvelle présidente du Conseil régional, dresser un bilan exhaustif de ce plan. J'avais d'ailleurs pris cet engagement devant les élus régionaux et mes concitoyens, dans mon discours de politique générale, prononcé lors de mon investiture le 3 août dernier.
Cette cérémonie-bilan constitue pour moi aussi, une occasion à la fois solennelle et confraternelle, de saluer la politique menée par Victorin Lurel et son équipe en faveur de la jeunesse guadeloupéenne.
Et ce bilan, qui sera présenté en détail dans un moment par le président de la commission Jeunesse, se veut à la fois objectif et lucide sur ce qui a marché, ce qui n'a pu encore être mis en oeuvre, et les mesures qui devront subir des améliorations ou des réorientations.
Néanmoins, je précise d'ores et déjà – mais Hugues-Philippe Ramdini le confirmera plus en détail –, que ce bilan est globalement satisfaisant, au regard des objectifs que nous nous étions fixés, et des résultats obtenus.
Alors certes, ce plan n'a pas vocation à régler seul le problème crucial de l'emploi des jeunes, qui relève en premier lieu de la compétence de l'Etat. Pour autant, conscient de la gravité de la situation, le Conseil régional a fait délibérément le choix d'agir souvent au-delà de ses compétences propres, à chaque fois que nous l'avons jugé utile et efficace socialement. Nous ne regardons pas ailleurs, nous agissons, dans le respect bien entendu, des prérogatives des uns et des autres. D'autant que nombre des actions menées, et tout particulièrement les chantiers d'insertion, ont été possibles qu'en raison de la synergie intelligente entre la Région, l'Etat, le Conseil général, et les communes et les maires de Guadeloupe.
Je voudrais d'ailleurs très solennellement remercier le préfet de région ainsi que le président du Conseil général, pour l'aide précieuse, notamment financière et logistique, qu'ils nous ont apportée dans la mise en oeuvre de certains de nos dispositifs.
Quoi qu'il en soit, évaluer la politique régionale en faveur de la jeunesse en difficulté, m'a paru nécessaire, puisque la Région souhaite poursuivre et amplifier ses actions en faveur des jeunes peu ou pas qualifiés, et éloignés de l'emploi. Ce bilan constitue donc un outil précieux pour finaliser le plan régional 2013-2015 sur la jeunesse, dont j'esquisserai les grandes lignes à la fin de la cérémonie.
Le Plan régional 2013-2015, devra résolument s'inscrire dans une politique globale et concertée en faveur de la jeunesse, mise en oeuvre par l'Etat et tous les acteurs institutionnels et associatifs du territoire. Je pense ici en particulier au dispositif des emplois d'avenir dans lequel la Région s'implique activement, ou encore aux contrats de génération pour le secteur privé. Mais je pense aussi à cette indispensable mobilisation de tous, à tous les stades de la vie de nos jeunes, pour leur assurer l'accès aux outils de leur construction et de leur émancipation. Il n'est plus acceptable que tant de jeunes quittent le système scolaire sans qualification ou en situation d'illettrisme. Il n'est plus acceptable que se creuse inexorablement le fossé entre les enfants de notre pays, entre ceux qui réussissent et ceux dont l'échec renvoie trop souvent aux marges de notre société.
Il nous faut donc agir ensemble, tous ensemble, pour donner davantage de chances à notre jeunesse, pour qu'elle embrasse avec espoir son avenir.
Avant de conclure, je voudrais m'adresser à l'ensemble des responsables et acteurs associatifs présents ce matin, et qui pour la plupart ont été des partenaires incontournables de la Région pour la mise en oeuvre de son plan en faveur de la jeunesse. Je tiens à leur exprimer mes plus vifs remerciements et ma profonde gratitude. Car que seraient les politiques publiques d'action sociale et d'insertion sans le secteur associatif, sinon une coquille vide ou un voeu pieux ?
Enfin, je voudrais tout particulièrement m'adresser aux jeunes qui m'ont fait, qui nous ont fait l'honneur de participer à cette cérémonie-bilan. Je sais que vous êtes souvent très critiques à l'égard de nous les élus. Que vous vous désintéressez fréquemment de la chose publique, préoccupés que vous êtes à gérer les difficultés et les souffrances du quotidien.
Je sais aussi que la vie n'est pas facile, en particulier dans la situation de crise actuelle ; crise à la fois économique, sociale, sociétale, et morale. Et que les difficultés sont nombreuses, et les solutions pour y répondre limitées, complexes et difficiles. Mais je crois profondément aux vertus thérapeutiques de la volonté commune du vivre-ensemble. Je crois aussi à la noblesse de l'engagement militant et politique, au service de l'intérêt général.
J'espère susciter d'ailleurs des vocations, en vous invitant à participer à la campagne électorale actuelle du Conseil Régional des Jeunes, et pourquoi pas, à vous porter candidate ou candidat.
A vous tous, chers jeunes compatriotes, je vous dis du fond du coeur : Ne perdez pas espoir ! Ayez confiance en vous-mêmes et en la société ! Chacun d'entre vous demeure un être humain à part entière, et non un être entièrement à part, et en dehors du corps social !
La Région demeure indéfectiblement à vos côtés, pour vous accompagner dans votre parcours d'insertion sociale et professionnelle.
Je citerai pour conclure, ces quelques mots du grand écrivain André Gide, car sa grande lucidité m'interpelle :
" Il y a ceux qui voudraient améliorer les hommes et il y a ceux qui estiment que cela ne se peut qu'en améliorant d'abord les conditions de leur vie. Mais il apparaît que l'un ne va pas sans l'autre... "
Merci de m'avoir prêté attention.