Assemblée de l’OECO : Intervention du Président du Conseil régional de la Guadeloupe

Saint-Johns, ANTIGUA, 17 juin 2019


Honorables chefs de Gouvernement,
Monsieur le directeur général de l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale,

Je me retrouve avec bonheur et fierté parmi vous ; la Guadeloupe a rejoint sa proche famille.

Nous sommes au cœur de l'arc insulaire des petites Antilles mais au-delà de notre proximité géographique, nous partageons les valeurs de solidarité, de partage ainsi que la volonté constante d’œuvrer à l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens.

Ce sont ces valeurs partagées qui forment le socle du Traité de Basse-Terre, qui il y a tout juste 38 ans, le 18 juin 1981, fédérait les 7 États membres fondateurs.

Ces mêmes valeurs nous permettent aujourd’hui de rejoindre notre famille et de nous y sentir bien !

Depuis la cérémonie d’adhésion de la Guadeloupe à l’OECO en qualité de membre associé le 14 mars dernier, où nous étions pour la plupart réunis en Guadeloupe, nous nous attachons à nous familiariser avec l’organisation des États de la Caraïbe Orientale.

L’annexe de l’accord d’adhésion que la Guadeloupe a signé recense un certain nombre de domaines de coopération.

Évidemment, cette liste n’est pas exhaustive !

La Guadeloupe se tient prête à implémenter les actions avec l’OECO, dans une démarche de partage total des domaines d’expertise et des priorités qui sont les nôtres mais aussi les vôtres.

Aujourd’hui, trois mois après son adhésion, la région Guadeloupe se félicite des premières avancées concrètes en termes de collaboration avec nos partenaires de l’OECO :

Un premier projet de coopération visant à l’amélioration de la connaissance et de la gestion des sargasses qui s’appuiera sur le dispositif de financement INTERREG-Caraïbes devrait conduire entre autres, à la tenue, en Guadeloupe du 23 au 26 octobre 2019, de la Conférence Internationale sur les Sargasses.
Cette Conférence s’inscrit dans le droit fil des travaux lancés à Fort de France en Martinique, le 3 octobre 2018 lors de la XIVe Conférence de coopération régionale Antilles-Guyane.

Un deuxième projet de coopération, cette fois-ci dans la continuité des travaux entrepris déjà dans le passé (projet CIGAREL), consistera, à l’issue des échanges notamment en cours avec l’OECO et l’Alliance française de Sainte-Lucie, à proposer aux dirigeants ou représentants de l’OECO un programme de formation et d’apprentissage du français.

J’ai suivi avec un vif intérêt la visite, en Guadeloupe, la semaine dernière, d’une délégation de la Invest Dominica Authority.

Cette délégation a été à la rencontre de partenariat d’affaires, notamment pour la filière de l’agro-transformation, le café notamment.

Des échanges de ce type ont existé avant l’adhésion de la Guadeloupe, mais nul doute qu’il sera dorénavant plus aisé d’accompagner ces initiatives qu’elles soient portées par entreprises ou des porteurs de projet privés ou associatifs.

Notre destin est commun !

À titre d’illustration, je voudrai revenir sur l’annonce de la Norwegian, de mettre fin à ses vols entre l'Amérique du Nord et la Guadeloupe et la Martinique.

Cela a fortement inquiété les professionnels du tourisme dans ces îles françaises.

Mais cette décision a aussi des répercussions sur la Dominique ; des passagers en provenance ou à destination des États-Unis transitaient par la Guadeloupe ou la Martinique pour se rendre en Dominique.

À tel point que la Dominique, par l'intermédiaire de la Discover Dominica Authority (DDA), avait réussi à amener Air Antilles à ajouter deux vols supplémentaires cette saison, entre nos iles françaises afin de se connecter avec les vols Norwegian ainsi qu'avec cinq autres transporteurs en provenance de l’Europe.

Conscient de cela, le directeur du tourisme et PDG de la DDA, Colin Piper, a déclaré que la DDA apportait son soutien pour rechercher des solutions face au départ de Norwegian la saison prochaine.

La Guadeloupe est effectivement dans la phase finale des négociations avec certaines compagnies aériennes pour la destination nord-américaine.

Nous aurons donc à partager sur ses aspects stratégiques qui concernent le désenclavement de nos territoires.

Nous gagnerons tous à aborder, d’un front commun, ce type de négociations.

Comme l’a si bien rappelé le président de l’autorité de l’OECO, Ralph Gonsalves lors de sa venue en Guadeloupe en mars dernier, on ne peut considérer l’entrée de la Guadeloupe au sein de l’OECO comme l’introduction d’un acteur de l’aide au développement ; nous sommes tous des partenaires.

Je suis intimement convaincu que la Guadeloupe, de par sa position au sein de l’arc antillais contribuera pleinement à l’essor de notre Caraïbe.

Je me réjouis, notamment, d’œuvrer à vos côtés, au renouveau de la coopération caribéenne qui, au-delà des obstacles linguistiques, juridiques ou institutionnels, s’engage résolument vers une construction pragmatique mais fraternelle, basée sur des échanges pour lesquels nous aurons réussi, ENSEMBLE, à trouver de nombreux dénominateurs communs.

Avec l’adhésion à l’OECO, la région Guadeloupe rejoint le cœur des dispositifs de l’OECO, pour permettre de mieux orienter les entreprises guadeloupéennes, les étudiants souhaitant faire une mobilité, les professionnels ou les citoyens désireux de s’ouvrir au monde caribéen.

Vous l’aurez compris, au-delà d’un simple rapprochement lié à notre proximité géographique, nous empruntons ensemble le chemin d’une coopération : réaliste, pragmatique mais au combien ambitieuse !

Nous disposons d’un vivier de femmes et d’hommes, experts dans un spectre très large de domaines et capables d’apporter leur ingénierie :

en matière de bâti tropical résilient, de constructions autonomes en énergie, de structurations administratives au bénéfice de nos concitoyens ...

Mais notre collaboration ne se limite pas à des échanges relevant de l’ingénierie.

LA CULTURE, elle aussi, est un enjeu central !

La culture, n’est pas un accessoire, c'est d’ailleurs notre principal point de convergence, reliant le génie propre à chacun de nos territoires et sans lequel nous ne serions que poussières de mondes ballottées par les vents.

Le rôle des industries culturelles et créatives dans le développement économique est décisif.

Sur cette question, la Guadeloupe se positionne en pôle d’excellence pour développer la visibilité des œuvres cinématographiques et audiovisuelles sur le marché international.

Elle s’appuie pour ce faire sur La Caribbean Audiovisual Network (CAN) et sur l’Association des Commissions du Film de la Caraïbe (CFCA).

Le développement d'un tourisme mémoriel multi destination est une piste qui reste encore à défricher.

Notre proposition structurée autour du Mémorial ACTe, devrait permettre à la Guadeloupe d'être au cœur des itinéraires mémoriels caribéens.

C'est d'ailleurs en ce sens que nous ouvrons prochainement le comité scientifique et culturel du MACTe aux historiens et universitaires de la Caraïbe.

Enfin, je souhaiterais mentionner l’utilisation des festivals comme leviers touristiques !

À l’instar de notre festival Terre de Blues de Marie-Galante qui, lors du week-end de la Pentecôte a drainé des dizaines de milliers de visiteurs, illustre les nombreuses opportunités existent pour élargir l'audience de nos manifestations culturelles, notamment en les adossant au projet caribéen de marché de la musique intégré.

En témoignant de l’expérience caribéenne singulière des Départements Français d’Amérique, en libérant le dialogue entre nos cultures, nous nous proposons de dresser des ponts à travers ce qui nous a trop longtemps séparés.

Merci de l’accueil fraternel que vous nous avez réservé.

Longue vie à l’OECO.