HOMMAGE À ALAIN YACOU: La Région Guadeloupe rend hommage à un historien guadeloupéen, pilier de la formation en langue espagnole

La Région Guadeloupe a à coeur d’oeuvrer en faveur de la reconnaissance des illustres figures guadeloupéennes.


Dans cette perspective, ce mercredi 13 décembre 2017, à partir de 18h30 à la Salle des congrès et des arts vivants du Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre, la Collectivité régionale organise un hommage à Alain Yacou, décédé le 7 avril 2016. Cette soirée saluera l’action de l’historien, fondateur de l’Université des Antilles et de la Guyane, pilier de la formation en langue espagnole et de la recherche hispanique.

Il s’agira de mettre en lumière l’action de cette personnalité qui a oeuvré pour la connaissance et la diffusion de la culture et du patrimoine guadeloupéen et caribéen. Son parcours intellectuel, ses expériences et son oeuvre ont su donner un élan essentiel à la recherche sur la Caraïbe hispanophone. Né en Guadeloupe en 1940, Alain Yacou fut l’aîné d’une fratrie de 7 enfants.

Passionné d’histoire et amoureux de lettres, il se rend à Bordeaux au début des années 1960 pour effectuer ses études supérieures d’espagnol. Reparti dans son île après sa titularisation dans l’enseignement, Alain Yacou entreprend, dès la fin des années 1960, sous la direction de Noël Salomon, une thèse, dite alors de troisième cycle, intitulée « L'émigration à Cuba des colons français de Saint-Domingue au cours de la Révolution, 1789-1815 », un travail de près de 700 pages qu'il soutient à Bordeaux en 1975.

Cette thèse était au carrefour des thèmes majeurs qui ont, toute sa carrière durant, orienté les recherches d'Alain Yacou: la diaspora française dans l'aire antillaise, l'histoire de la résistance à l'esclavage, l'impact de la Révolution française dans l'aire caribéenne, avec du point de vue géographique et chronologique une prédilection marquée pour l'île de Cuba au tournant des XVIIIe et XIXème siècles. Il consacra ensuite son doctorat d’État, autour de la question noire à Cuba, de la fin
du XVIIe siècle au milieu du XIXe, duquel découlèrent deux ouvrages : « La longue guerre des nègres marrons de Cuba » (1796-1852) et « Essor des plantations et subversion antiesclavagiste à Cuba » (1791-1845) (Paris, CERC-Karthala, 2009 et 2010).

La production scientifique d’Alain Yacou se poursuit par de nombreux articles dans lesquels il reprend ou approfondit ses recherches antérieures, et des participations, tout aussi nombreuses, à des ouvrages collectifs, souvent dans le cadre des activités du centre de recherche qu’il avait créé au sein de l’université des Antilles et de la Guyane, le CERC (Centre d’Études et de Recherches Caribéennes), qui devint un des fleurons de la jeune université.

Alain Yacou fut aussi un organisateur inlassable de rencontres universitaires et d’expositions (par exemple sur la découverte de la Guadeloupe et l’histoire de l’esclavage), directeur de revues (Revue du CERC dans les années 1980, Espace Caraïbe au cours de la décennie suivante), éditeur scientifique de nombreux ouvrages collectifs faisant appel à de
prestigieuses signatures internationales. Pour ne citer que les plus récents : Servitude et oppression dans les Amériques, de la période coloniale à nos jours, 2000, La Caraïbe au tournant de deux siècles, 2004, De l’île Espagnole à la République dominicaine d’aujourd’hui, 2010.

Un des axes majeurs de l’action et du souci d’Alain Yacou dans son université fut de la doter d’instruments de recherche collective et de centres de formation à la recherche de qualité. Lors de son départ à la retraite, l’université des Antilles avait rendu à ce chercheur de premier plan, à cet organisateur infatigable, à cet animateur créatif et efficace, un hommage
officiel mérité suivi par toute la communauté scientifique.