La Région conditionne son soutien à l'AFPA à un plan sévère de restructuration

Face à la situation désastreuse actuelle du premier organisme de formation de la Guadeloupe, le président de Région a organisé une conférence de presse afin d'informer la population sur la position de la collectivité régionale sur le dossier de l'AFPA.


Devant la presse, Victorin LUREL a d'abord rappelé que l'AFPA était un outil nécessaire car elle forme 1.500 personnes par an et qu'elle est, dans de nombreux domaines, le seul organisme habilité à délivrer des titres et des diplômes. La plupart de ses formateurs sont des professionnels compétents, expérimentés et motivés disposant d'équipements de bon niveau.

Dès son arrivée à la tête de la collectivité, face à une situation déjà désastreuse et qui durait depuis des années, le président de Région a convoqué le président de l'AFPA pour qu'il remette de l'ordre dans son organisme. Malgré cela, les dérives se sont poursuivies et conduisent l'AFPA à la cessation de paiement et peut-être demain à la liquidation.

Ces dérives sont d'abord la conséquence d'une gestion laxiste avec certains agents qui ne travaillent que quelques heures, voire pas du tout alors qu'ils sont payés pour 35 heures et vont jusqu'à avoir un autre emploi dans le même temps. D'autres bénéficient d'avantages matériels exorbitants (logement de fonction tous frais payés, indemnité de départ à la retraite représentant un demi mois de salaire par année de présence…). D'autres graves dysfonctionnements ont été constatés avec le non respect du code des marchés publics, un taux de productivité inférieur de moitié à la moyenne nationale et en régression constante, un coût de formation de 18 €/h/stagiaire contre 6 à 7 € dans les autres centres de Guadeloupe, des cadres qui alimentent des mouvements sociaux, la non restitution des informations à la Région pouvant entraîner une restitution à l'Union européenne des fonds FSE en cas de contrôle, un " coulage " important dans les fournitures et les matières d'œuvre, etc.

Par ailleurs, l'audit mené par l'AFPA nationale montre une organisation administrative incohérente, génératrice de surcoûts, une structure sous l'emprise des syndicats, un recrutement "clanique" et des promotions "TGV" injustifiées.
"Peut-on sauver l'AFPA ?", s'est interrogé Victorin LUREL.

La Région entend contribuer au redressement et à la restructuration de l'organisme, mais pas à n'importe quel prix et sous certaines conditions.
La Région dépense en effet plus de 14 millions d'euros par ans pour l'AFPA. Elle entend donc que ces crédits soient utilisés au bénéfice des demandeurs d'emplois guadeloupéens et non captés par une minorité de privilégiés. Il n'est donc pas question que la Région continue, comme elle le fait depuis 20 ans, à renflouer cette structure sans contrepartie en termes de résultats.

Elle a demandé la mise en œuvre du contrat de progrès que le Président LUREL demande avec insistance, en vain, depuis septembre 2006. Cette démarche, du fait d'une grève injustifiée, a échoué. Dès lors deux scénarios sont possibles :un plan de redressement avec la nomination d'un directeur ayant plein pouvoir pour une durée limité ou la liquidation suivie de la création d'une nouvelle structure.
De toute façon, et quelle que soit la solution choisie, il faudra au préalable un audit financier par un organisme indépendant qualifié évaluant le redressement, les dettes actuelles et les pertes générées par la grève. Il faudra aussi un audit sur le patrimoine  en particulier sur les conditions d'hygiène et de sécurité des locaux. La Région ne s'engagera que si le patrimoine foncier et bâti de l'AFPA est versé au patrimoine régional afin de le préserver et d'en contrôler l'utilisation.
En attendant les décisions de justice, la Région prendra toutes les dispositions pour assurer et renforcer les formations au travers d'autres dispositifs, s'il le faut, en faveur de la qualification des jeunes et des adultes.