Osange Silou-Kieffer était journaliste, spécialiste du cinéma, et maillon essentiel dans le cinéma tant antillais qu’africains depuis 50 ans… Georges Brédent, Président de l’E.P.C.C. MACTe, Vice-Président de la commission culture de la Région Guadeloupe lui rend hommage. Cette grande guadeloupéenne, originaire de Sainte-Anne, nous a quittés ce 1er avril 2020, des suites d’une longue maladie, à l’âge de 73 ans.
Il est des êtres dont la seule présence irradie. Osange Silou-Kieffer (journaliste et critique de cinéma) était de ceux-là. Maillon essentiel dans le cinéma tant antillais qu’africain depuis 50 ans, cette grande guadeloupéenne a noué vaillance et sacrifice pour faire connaitre le cinéma de nos régions dans de nombreuses zones du globe. Notamment en Afrique noire. C’est du reste grâce à son action que la Guadeloupe et la Caraïbe sont présentes au Fespaco(le Festival panafricain du cinéma créé par des femmes et hommes de culture de l’ancienne Haute-Volta) depuis 1985 et que le prix Paul Robeson saluant le meilleur film de la diaspora a été mis en place, en 1987. En mars 2019, à l’occasion du cinquantenaire du Fespaco, c’est encore à elle que nous devons d’avoir été invité (nous, Région Guadeloupe) à présenter nos dispositifs et notre vision d’un co-développement Caraibes, Guadeloupe, Afrique. Dans le même temps, Osange nous a fait ouvrir les portes du ministère de la culture et du tourisme en vue d’un entretien avec le ministre dont l’agenda était pourtant particulièrement chargé en cette période de Fespaco. En cette circonstance, nous n’avons pas manqué d’échanger autour de questions d’intérêt commun tel le conte (que les sociétés antillaises partagent avec l’Afrique, et que le ministre nous a dit vouloir réhabiliter) tels encore des projets d’expositions au MACTe de sculptures en bronze à la cire perdue.
Mais outre ces rencontres avec le ministre, Osange, Felly Sédécias, Mariette Monpierre, Christiane Taubira (intervenante du colloque : « Mémoire et Avenir des cinémas africains et des diasporas ».) et moi-même avons profité pour confronter nos points de vues avec nos hôtes afin de déconstruire les clichés, faire connaitre nos films au monde, (le marché du cinéma et de l’audiovisuel africain offre à nos films la possibilité d’avoir plusieurs vies à travers ses circuits de distribution) et jeter les bases de futures collaborations. Ce fut aussi pour nous une occasion de prendre date pour que notre public se familiarise avec le cinéma africain à travers l’accueil de films de ce continent dans nos festivals.
Enfin, en tant qu’institution en charge du développement de la filière en Guadeloupe notre présence au Fespaco était aussi une occasion idéale pour nouer des relations avec les différents outils de formation du Burkina Faso. Notamment des liens entre notre B.T.S. aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel (voire notre campus des métiers éponyme) et l’institut Imagine du grand ami d’Osange, Gaston Kaboré qui met particulièrement l’accent sur la formation des réalisateurs et des scénaristes.
Ce sont toutes ces portes qu’Osange nous a ouvertes en Afrique. Mais, on ne le dira jamais assez, sa disponibilité n’avait pas de limite dès qu’il s’agissait de promouvoir son territoire de naissance et plus encore les cinémas de la diaspora, elle qui prônait de toutes ses forces la solidarité sans laquelle il n’y a pas de vraie civilisation.
Être exceptionnel donc, Osange Silou demeure pour nous un symbole hautement revendiqué.
Á nous de démontrer, par notre obstination à bâtir un cinéma antillais signifiant, que son engagement n’aura pas été vain. Ce sera assurément la manière la plus généreuse de parler d’elle et de la garder en nous.
Georges BREDENT, Président de l’E.P.C.C. MACTe, Vice-Président de la commission culture de la Région Guadeloupe