PORTRAIT : François-Xavier RENÉ-BOISNEUF, KARIBTUK

Comme tous les entrepreneurs du secteur touristique, j’ai très mal vécu les premiers mois de confinement. D’autant plus que les mois de mars et avril représentent les deux derniers mois de la saison, mois sur lesquels je comptais afin de constituer une trésorerie visant à financer les investissements à venir. L’activité de visite guidée en tuk-tuk est celle qui a été la plus impactée car 80 % de ma clientèle sur ce produit est issue de la croisière. Les 20% restants, étant, eux, générés par les agences de voyages, les réceptifs et les Tour- opérateurs avec lesquels je travaille. Les véhicules étaient donc totalement à l’arrêt et c’était une période d’incertitudes très stressante pour moi d'autant que nous avions entrepris de nouveaux investissements depuis le mois de février : notamment l’entrée dans de nouveaux locaux, qu’il fallait totalement réaménager, plus grands mais également plus chers ! La crise de la covid 19 ne pouvait donc pas plus mal tomber. Cependant je ne me suis pas laissé abattre et j’ai mis à profit cette période d’arrêt pour avancer sur nos travaux. Bien sûr, très rapidement, nous nous sommes retrouvés à court de trésorerie ; du coup, j’ai personnellement mis la main à la poche.

L’entreprise a également bénéficié des aides de l’État, et d’un report des échéances de crédit de six mois de la banque. D'ailleurs, je tiens à remercier la propriétaire des nouveaux locaux qui s’est montrée plus qu’indulgente à mon égard sur le paiement des loyers.    

La façon dont a été pensé KARIBTUK me permet de continuer à travailler depuis le déconfinement. Même si l’activité Tuk-tuk reste moribonde, la partie boutique redémarre doucement mais sûrement. Comme je le dis souvent, ce n’est pas un magasin « à touristes » mais un lieu de valorisation du savoir-faire guadeloupéen, avec la volonté chevillée au corps que nos compatriotes se réapproprient leur production avant tout.

J’ai quand même pu faire rouler les véhicules à l’occasion du concert Akoustik Drive-in qui s’est tenu au vélodrome pour la fête de la musique. Ils assuraient en quelque sorte un service de snack-bar mobile, car les spectateurs devaient respecter les distances de sécurité et rester dans un périmètre d’un mètre autour de leur voiture. C’était la 1ère action d’envergure avec les tuk-tuks depuis le déconfinement.

Cette crise m’aura permis de découvrir que je savais utiliser une perceuse et que je suis plutôt bon jardinier !...(lol). Blague à part je pense que, comme pour bon nombre d’entrepreneurs guadeloupéens, ça a été une période d’introspection et de réorientation de mon offre vers le marché intérieur. Si c’était déjà le cas pour la boutique où 80% de la clientèle est locale, et j’en suis très heureux, c’est tout l’inverse pour les Tuk-tuks. Il s’agit donc désormais de proposer une offre différente en direction de nos compatriotes. En effet, peu de Guadeloupéens voient Pointe-à-Pitre comme un produit touristique et la plupart pensent connaître la ville mais ils se trompent car ils ne connaissent pas son histoire, son architecture particulière ou encore les personnages emblématiques qui l’ont façonnée. Je vais donc proposer, dès ce mois de juillet, des chasses au trésor, un produit familial qui permet une découverte ludique de la ville, ainsi que deux autres packages innovants que je ne peux pas encore dévoiler à cette heure.

Pour ce qui est de nos perspectives à moyen terme, nous visons, avec mes associés, le littoral pointois, qui revêt un potentiel énorme et sur lequel nous souhaitons proposer diverses activités. Peut-être qu’un jour on parlera d’un « Pointe-à-Pitre plage » qui sait !

En tout cas, je reste confiant dans le potentiel de la Guadeloupe ainsi que dans la capacité des Guadeloupéens à rebondir et ne jamais baisser les bras. La saison prochaine sera probablement très difficile mais je continue de rêver notre avenir commun car, comme dit le vieil adage, le rêve entretient l’espoir !

Karibtuk : 56, rue Achille René-Boisneuf  @thefactory971