Portrait : Georges GARCON, propriétaire des restaurants 1 Ti Bo Doudou et 1 Ti suk a coco

A Terre-de-Haut, quand la crise du COVID-19 a commencé, on était en plein boom avec la haute saison touristique. On travaillait à 100%. Et puis il y a eu une première intervention du Président de la République, le jeudi 12 mars, demandant de fermer tous les établissements scolaires le lundi suivant. Mais les gendarmes sont passés dans les restaurants dès le samedi 14 mars en nous demandant de fermer. On leur a demandé si on pouvait faire le service du samedi soir mais ils ont refusé. Donc on a fermé depuis le samedi 14 mars alors que dans sa deuxième intervention du 16 mars, le Président de la République demandait de fermer tous les commerces le lendemain. Quand j'ai entendu le président de la République, je pensais que c'était une affaire d'une semaine et je n'étais pas spécialement inquiet. Nous étions en pleine saison, l'île était pleine de touristes ; j'ai pensé que ça ne nous ferait pas trop mal, une fermeture d'une semaine. Et puis quand nous avons entendu que nous serions confinés jusqu'au 11 mai, ça a été très dur. Moralement surtout. J'ai 12 employés, j'ai 2 restaurants à Terre-de-Haut. Il a fallu que je rassure mes employés, qui craignaient de perdre leur travail et de ne pas être payés. C'était très dur psychologiquement. Heureusement pour moi, j'avais un peu de fond de côté, ce qui m'a permis de tenir et de payer tous les salaires. Mes employés ont été rassurés. Même quand ils n'ont touché que 84% de leur salaire, ça a été un vrai soulagement. Ceux que j'ai embauchés au mois de janvier et que j'ai gardés et payés reconnaissent qu'ils ont eu de la chance. Ensuite le Président a mis en place le chômage partiel. Encore une fois, je pensais que ce serait une affaire d'un mois ou deux mais j'ai entendu là aussi que l'on nous accompagnerait jusqu'au mois de décembre 2020. En tant que chef d'entreprise, le chômage partiel est un vrai soulagement, car pendant les deux mois et demi, j'ai eu à verser près de 50 000€ de salaires et, heureusement, j'ai été remboursé par l'Etat. Je suis très heureux d'avoir repris ces fonds. Aujourd'hui notre activité redémarre un peu. On tourne à 25% des recettes de l'année dernière. Je n'ai pas fait d'autres demandes d'aides. Je ne suis pas à plaindre par rapport à d'autres collègues. Mon entreprise existe depuis plus de 15 ans et tourne bien. Il faut être solidaire dans cette crise et laisser les fonds à ceux qui en ont le plus besoin.

Pour le mois d'août, on compte beaucoup sur les Guadeloupéens. Nous les appelons à venir la semaine aux Saintes, et pas seulement les week-end car à Terre de Haut, les entreprises doivent travailler tout le temps, pas que le week-end. Espérons que les Guadeloupéens vont jouer le jeu parce que le mois d'août nous permet de tenir jusqu'en novembre. C'est le mois le plus important aux Saintes. Certes, ce n'est pas la saison touristique mais c'est le mois où nous faisons le plus gros chiffre d'affaires même si, avec les distanciations, nous sommes tombés à 45 couverts au lieu de 80. Nos employés ont toujours leur masque, en salle comme en cuisine.

Le plus dur est à venir. Pour moi ce sera en mars 2021, car les entreprises vont se rendre compte qu'elles n'ont plus d'économies. Au niveau social, ce sera plus compliqué.

Pour ma part, je suis à l'âge de la retraite. J'ai donné les rennes à mon fils et je lui ai dit qu'il ne faut pas avoir peur d'investir actuellement. C'est maintenant qu'il faut investir pour pouvoir recevoir dans les meilleures conditions notre clientèle en juillet 2021. J'espère qu'à cette date, nous serons sortis de cette crise sanitaire et économique. Pour moi, la prochaine saison touristique, de décembre 2020 à avril 2021, sera très très compliquée parce qu'on a peur. La nouvelle vague arrive. Et aux Antilles, on est décalés par rapport à la Métropole. Tout a été fait pour le tourisme en métropole durant les mois d'été alors que nous étions en pleine saison touristique. Aux Saintes, on ressent tout de suite la baisse d'activités. Nous ne sommes pas Jarry, qui vit de ses entreprises. Economiquement, nous dépendons fortement du tourisme, c'est très difficile.

C'est pour cela que je mets beaucoup d'espoir dans le mois d'août pour tenir et je lance un appel aux Guadeloupéens : venez aux Saintes, n'ayez pas peur, vous allez encourager toutes les entreprises, les pêcheurs, les locations de maisons, de scooters, de voitures, les boutiques. Les Saintes, ce n'est pas que les belles plages. C'est toute une économie qui vit du tourisme. Revenez aux Saintes, on vous attend !

1 Ti Bo Doudou : 05 90 98 56 67