Ce jeudi 6 mai, le Lycée prefessionnel du Lamentin a été baptisé "Bertène Juminer" qui était médecin, recteur et écrivain antillo-guyanais.
Il est né le 6 août 1927 à Cayenne en Guyane française. Son père est guyanais et sa mère guadeloupéenne. Il meurt le 26 mars 2003 à Trois-Rivières en Guadeloupe.
Le lycée de Saint-Laurent du Maroni porte le nom de Bertène Juminer.
Il fait ses études secondaires à Pointe-à-Pitre. Il poursuit des études médicales en France métropolitaine et obtient l'Agrégation de Médecine.
Juminer entre en fonction d'abord à Saint-Laurent du Maroni, la deuxième ville de Guyane (de 1956 à 1958), puis pratique la médecine générale en Tunisie (à Tunis de 1958 à 1966) et au Sénégal pour une courte période.
Après de longues années de médecine, il revient aux Antilles. Il y est élu vice-président du Conseil Économique et Social Régional de la Guadeloupe, et il cumule les fonctions de président du Conseil d'Administration de la Société Immobilière de l'île et préside le Conseil Scientifique de l'Observatoire Régional de la Santé en Guyane française.
En 1982 il est nommé recteur de l'ancienne Académie des Antilles-Guyane aujourd'hui séparée en trois académies distinctes.
Bertène Juminer collabore avec l'UNESCO et est chargé en tant que président de "l'Association de gestion et d'animation".
Officier de la Légion d'honneur le 7 avril 1995, il a été promu au grade de commandeur de la Légion d'honneur le 29 mars 2002.
Comme d'autres écrivains antillais, guyanais et haïtiens, il se bat pour la reconnaissance de la langue créole.
Avec Christiane Taubira Bertène Juminer condamne vivement l'esclavage comme crime contre l'humanité. Il introduit la notion de "réparations" au colloque organisé à Paris le 21 mai 2001 par le Comité "Devoir de mémoire", intitulé : "Esclavages et réparations".
Ilseat également pour une autonomie des Antilles et dela Guyane par rapport à la métopole et pour le rapprochement des Antillais et des Guyanais. Il signe, avec Patrick Chamoiseau, Édouard Glissant et Gérard Delver, le "Manifeste pour refonder les DOM" paru dans Le Monde en janvier 2000.
Son expérience de médecin révèle à Juminer hiérarchie coloniale. Il constate partout la division entre colons et colonisés, ainsi que celle entre les colonisés français de première et seconde zone.
Son roman autobiographique, "Les bâtards", s'inspire de ses propres déboires en France. Il situe son roman dans le Paris des années 1930, dans lequel il décrit l'étudiant guyanais. Juminer radiographie la condition d'exil et d'étiolement des Antillais et des Guyanais en métropole, puisant dans sa propre expérience.
En 1981, il reçoit le Prix littéraire des Caraïbes.
Bibliographie :
- Les Bâtards. Préface par Aimé Césaire. Paris: Présence Africaine, 1961, Rééditions 1977.
- Au Seuil d'un nouveau cri. Paris: Présence Africaine, 1963, Rééditions 1978.
- La Revanche de Bozambo. Paris: Présence Africaine, 1968, Rééditions 2000.
- Les Héritiers de la presqu'île. Paris: Présence Africaine, 1979. (Prix littéraire des Caraïbes 1981)
- La Fraction de seconde. Paris: Éditions Caribéennes, 1990.