Le Congrès des écrivains de la Caraïbe est un événement culturel majeur organisé depuis 2008 par la Région Guadeloupe en partenariat avec l’association des écrivains de la Caraïbe. Cette manifestation internationale a pour ambition de rassembler des auteurs, des éditeurs, des journalistes et des critiques venus de tous les territoires de la Grande Caraïbe. Cette nouvelle édition se tiendra au Mémorial ACTe, du 6 au 9 avril 2017.
Si l’idée d’un congrès des écrivains n’est pas une originalité en soi, cette initiative guadeloupéenne est toutefois marquée d’un sceau novateur magnifiant l’esprit caribéen qui exprime des émotions et des pensées dans toutes ses sonorités linguistiques.
En effet, dans notre environnement naturel, les singularités culturelles épousent le morcellement. Du coup, la mémoire commune caribéenne est une construction progressive surmontant les nombreux obstacles aux rencontres, à la circulation des productions littéraires et des « dires nouveaux ».
Par ailleurs, les stratégies de développement mises à l‘œuvre dans nos régions se fondent essentiellement sur les dimensions géopolitiques et économiques. En matière culturelle, les expressions musicales, cinématographiques, picturales ou corporelles sont davantage valorisées. La littérature est en retrait même s’il convient de saluer, à leur juste valeur, les efforts fournis par Cuba et son institution Casas de Las América ainsi que par de multiples maisons d’éditions caribéennes et latino-américaines pour promouvoir les œuvres produites dans ces régions.
Le congrès des écrivains de la Caraïbe est porteur de cette vision et motivé par cette mission éducative. Depuis la première édition, il a permis un fructueux travail d’inventaire agrégé en 4 tableaux :
- La littérature caribéenne, état des lieux, problématiques et perspectives, 2008
- Circonstances, conditions et enjeux de la création littéraire dans la Caraïbe, 2011
- Une épopée collective ; les combats de liberté, 2013
- Voyages, Migrations, Diasporas dans les littératures caribéennes, 2015
Ainsi, cette cinquième édition du Congrès ouvre une nouvelle ère où sera mis en espace le dialogue des écritures des créateurs de notre bassin caribéen et des Amériques continentales. Le livre, les arts de la performance, les arts plastiques et les expressions musicales sont des supports pour déchiffrer la complexité tout en stimulant les imaginaires. Ils produisent donc du sens et de la connaissance du monde.
Le Congrès devra devenir davantage un lieu d’expression spontanée de la parole vivante des écrivains. Espace où chacun pourra expliquer comment féconde-t-il les émotions tout en s’inscrivant dans les nouveaux schémas d’écoute et de réception de nos populations, surtout les générations montantes. Schémas doublement tiraillés entre une inquiète quête identitaire et la tendance à l’enfermement sur un soi local dans un monde où les portes sont de plus en plus ouvertes.
La Caraïbe s’écrit dans sa multiplicité et ses littératures proposent des choix esthétiques et des rapports au réel qu’il convient de mettre en dialogue à la fois dans leurs quêtes d’absolu et leur rapport aux urgences de l’heure.
Si la littérature a fondamentalement un caractère universel, elle se caractérise, toutefois, par le nuancier qui permet de découvrir les couleurs du cadre de référence des écrivains. Alors, quels sont les plaisirs que procure l’acte d’écrire sur sa région nourricière, en l’occurrence la Caraïbe insulaire et continentale ? Et pour dire quoi au lecteur d’ici et d’ailleurs ? Des questions qui sous-tendent les défis que la plume des auteurs caribéens doit relever.
Durant cette fête consacrée au dialogue des écritures, ce sera donc la thématique centrale du congrès. Elle permettra de s’interroger sur la motivation du choix d’écrire sur la Caraïbe, autrement dit, sur cette démarche de mise en désir. Est-ce une obligation ? L’auteur peut-il s’émanciper de l’imaginaire ou du réel fertilisant Caribéen pour s’adresser au monde ? Quelle pourra être la réceptivité du lectorat face à de tels paris ?