Présentation du numéro spécial "Créations insulaires"

Le Mémorial ACTe Guadeloupe convie les amateurs d’art éclairés ou désireux de l’être à une conférence dédiée au numéro Spécial 20 ans de la revue "Recherches en esthétique" du C.E.R.E.A.P. (Centre d'Etudes et de Recherches en Esthétique et Arts Plastiques), consacrée aux «Créations Insulaires».


Une présentation sous la direction de Dominique BERTHET avec Scarlett JESUS, Richard-Viktor SAINSILY CAYOL et Christian BRACY.

Recherches en Esthétique publie son vingtième numéro. À l’occasion de cet anniversaire, nous entamons un tour du monde de la création insulaire, certes non exhaustif – comment pourrait-il en être autrement ? –, qui nous transporte dans des lointains et des ailleurs. Si l’art de la Martinique et celui de la Guadeloupe, naturellement, sont évoqués, le sont aussi celui d’Haïti, de la République dominicaine et de Cuba, pour ce qui est de la Caraïbe, et au-delà, celui de La Réunion, de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française.


Ces différentes études de cas sont précédées de réflexions sur les notions d’îles et d’insularité. Au-delà des clichés et des fantasmes, l’île et ce qui s’y crée méritent en effet une attention particulière. Si l’île est parfois associée au paradis perdu, elle peut également être perçue comme inquiétante, hostile ou dangereuse. L’île inspire donc deux types de représentations antagonistes. Mais il s’agit généralement d’une perception extérieure. La relation à l’île donne lieu en effet à des approches différentes, selon que l’on est îlien ou continental ; ces espaces ne sont envisagés ni vécus de la même façon par un natif ou un étranger.

Qu’en est-il de la production artistique ? Une question se pose fréquemment : l’île favorise-t-elle la création ou est-elle au contraire un frein ? Est-elle un facteur dynamisant ou un handicap ? Stimule-t-elle ou frustre-t-elle ? Vivre et travailler sur une île, quand on est artiste, n’est pas sans conséquence. La présence de la mer et l’obligation de la franchir lorsque l’on veut présenter son travail à l’extérieur sont aussi des paramètres importants. Comment l’artiste surmonte-t-il cette situation ? De plus, l’insularité a-t-elle des répercussions sur la réalisation matérielle des œuvres ? Peut-on par ailleurs parler d’une spécificité des créations insulaires ? L’art réalisé dans ce contexte se caractérise-t-il par un certain nombre d’aspects spécifiques ? Est-il identifiable comme tel ? Enfin, quelle place le marché de l’art international accorde-t-il aux productions des artistes îliens ?

Toutes les îles n’ont pas la même histoire quant à leur peuplement. Les îles de la Caraïbe ou celles de Polynésie étaient habitées depuis des millénaires avant l’arrivée des Européens. D’autres, comme La Réunion ne l’étaient pas. Cela dit, l’île est souvent associée à une histoire coloniale. À la fois semblables et dissemblables, l’histoire des îles a donné naissance, en Caraïbe par exemple, à des peuples nouveaux, issus de l’esclavage et du métissage. Les œuvres portent d’ailleurs souvent la trace de cette histoire.

De plus, dans le contexte de mondialisation, qu’advient-il des cultures régionales ? Comment survivre dans un rapport de force évident : dominant / dominé ? Les langues et les cultures des îles témoignent d’une réelle vitalité et d’une volonté de s’affirmer, de défendre leur identité face à la tentative de globalisation qui ne cesse de s’étendre. La sauvegarde d’un patrimoine culturel, de traditions (danse, musique, artisanat, etc.) se manifeste comme une forme de résistance. Comment la création insulaire dans toute sa diversité réagit-elle face à cette mondialisation ? Quelles sont les aspirations des artistes îliens ? Sont-elles spécifiques et/ou rencontrent-elles celles des artistes continentaux ? Ce vingtième numéro tente d’apporter des éclairages sur un certain nombre de ces questions