LA PRISON RESSEMBLE ENCORE TROP À UN CENTRE DE FORMATION POUR LA DÉLINQUANCE

L’univers carcéral en Guadeloupe, comme dans tous les outre-mer, interpelle, car les conditions de vie des détenus sont une tâche pour la République, en ce qu’elles aboutissent à une grave et inacceptable déshumanisation de femmes et d’hommes dont l’incarcération devrait normalement contribuer, après qu’ils ont payé leur dette envers la société, à donner un sens et une direction à leur existence, afin de mieux favoriser leur réinsertion.


@Rencontre avec le Garde des Sceaux, Mr Urvoas au Palais du Conseil départemental le 4 juillet 2016.

Surpopulation, vétusté et insalubrité des locaux, violences physiques, promiscuité, insuffisance de moyens humains et matériels, absence d’encadrement approprié, désert culturel, centre de formation à l’école de délinquance…

Un rapport sévère du contrôleur général des prisons, Adeline Hazan, critique le traitement des détenus dans certaines prisons hexagonales. Et le monde carcéral que j’ai rencontré en amont m’indique que la situation atteint, en Guadeloupe, un niveau plus inquiétant encore.

Déjà en tant que Maire de la ville de Baie-Mahault, j’exhortais les autorités gouvernementales sur l’urgence d’apporter des solutions face aux conséquences explosives liées à une surpopulation carcérale sans précédent.

En tant que Parlementaire, j’ai réitéré ma démarche, me faisant, le relais des doléances des détenus, des surveillants et de l’Administration elle-même, auprès de Madame la Garde des Sceaux, de l’époque Christiane Taubira et des autres ministères directement concernés, dont celui de la Santé.

L’essentiel des mesures urgentes que j’appelais hier ne sont, pour la plupart, toujours pas appliquées

et il en résulte une détérioration des rapports entre détenus d’une part, et entre détenus et personnel pénitentiaire d’autre part. Cette dégradation des conditions recèle les ingrédients d’une sourde mais réelle tension au sein des établissements, qui laisse craindre le pire.

Pour autant, aujourd’hui, je me réjouis de la venue de Jean-Jacques Urvoas, Garde des Sceaux, ministre de la Justice

entérinant ainsi l’engagement de l’État pour la construction et l’élargissement de la future maison d’arrêt de Basse-Terre.C’est l’aboutissement d’un long combat mené en totale concertation avec le monde carcéral.

Je suis également satisfait des récentes déclarations du Ministre, car oui, en effet, il est capital de penser la justice au présent !

En revanche, si la prison doit être un lieu de peine, elle doit aussi être un espace propice à l’amendement, faite pour transformer les délinquants autant que pour punir.

Il faut donc humaniser la prison afin qu’elle ne soit pas l’école du crime et de la délinquance mais, celle de la réinsertion, du retour du détenu au droit chemin, à un comportement conforme aux valeurs républicaines, comme le préconise Robert Badinter, dans "La prison républicaine".

Ainsi, la lutte contre la récidive ne peut être dissociée de l’impérieuse nécessité de renforcer les effectifs au sein des surveillants pénitentiaires. Je réitère donc ma proposition visant à favoriser le retour au pays des fonctionnaires en attente de mutation, pour renforcer les effectifs sur place et combler les futures créations de poste en conséquence de l’élargissement des 2 prisons que compte notre territoire.

Enfin parce que je sais l’attachement du Garde des Sceaux pour la réinsertion, (en témoignent ses travaux en Commission des Lois de l’Assemblée nationale pour la mise en place notamment de la contrainte pénale), je reviendrai sur ma proposition d’amendement - présentée lors de l’examen du texte Égalité et citoyenneté et portant création d’un Établissement public d’insertion de la défense (EPIDE) en Guadeloupe.

En effet, je pense qu’il y a urgence à nous interroger sur le sens des condamnations et des peines prononcées pour prévenir le fléau de la récidive, en favorisant une réelle insertion à la fois citoyenne et professionnelle des jeunes en voie de marginalisation.

Ce dispositif, issu de la loi du 26 décembre 2011, propose aux mineurs délinquants âgés de seize à dix-huit ans, à titre d’alternative à une peine d’incarcération et sur la base du volontariat, d’accomplir un contrat de service. Cette expérimentation apparaît plus que jamais comme une réelle opportunité qu’il faut saisir !

J’ai demandé à mes services et à Guadeloupe Formation d’instruire un programme en direction de ce public.

Il s’agira donc de poursuivre ce travail ensemble avec le ministère de la justice, celui de l’outre-mer et celui de la défense, vers un nouveau dispositif adapté.